Marie-Madeleine...


Pleure pas, c'est pas les larmes qui te rachèteront une moraliste auréole... Et puis, j'avoue que j'aime bien l'idée de ta prétendue impureté.
J'aime bien l'idée de tes cheveux essuyant les pieds du Messie, fantasme millénaire de la soumission... ou de la dévotion.
J'aime l'idée que, toi et lui, vous auriez tricoté du sensuel et, que, par conséquent, il était, contrairement à ce qui se dit, capable de passer du spirituel au charnel...
J'aime l'idée que, grâce à toi, je ne pêche pas autant que ce que les pourpres soutanes nous culpabilisent.
J'aime bien l'idée d'un mariage secret entre toi et le fils de Marie, l'idée d'une nuit de noces volée au bord du lac Tibériade sous une lune d'argent comme on dit dans les récits romantiques...
Je milite pour l'idée que tu n'es pas la femme facile, couche-toi là, que nous décryptent les théocrates judéo-chrétiens tordus dont les principes sont aussi intrusifs que des pointes de fils barbelés...
J'aime bien l'idée de la pureté de ton cœur, l'idée de l'odeur enivrante de ta peau, l'idée que tu incarnes cette "pêcheresse" qui habite mon subconscient...
Je vais donc cultiver dans mon jardin secret l'idée que les fleurs ne s'ouvrent qu'au soleil qui les réchauffe, les envahit...
Marie-Madeleine, femme fatale et libérée, tu es toutes les femmes à la fois et... une seule.
Alors, rendez-vous, en bas, au bord du lac, ce soir?...
Marie-Madeleine, je t’aime, moi qui ne suis pas le messie.